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The Quiet Room
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  • Jean-Baptiste, survivant enfermé en haut d'une tour, observe depuis ses fenêtres un monde où les morts ne se couchent plus. Depuis son miroir, John observe ce dernier. Depuis votre écran, vous observez aussi...
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The Quiet Room
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9 décembre 2008

Dix-sept. Anciens lieux et nouvelle vie.



Mon ancien espace personnel est toujours en ligne.

C'est drôle. Si on oublie les morts dehors, tout peut ressembler à avant. Il y a de l'eau courante,  froide et même chaude. De l'électricité. Des stations de radio qui émettent. Mais elles émettent rien. Ou plus rien. Au début il y avait des messages en boucle. Les précautions d'usage.

"Restez loin des contaminés. Regroupez-vous dans les salles communales. Ne veillez pas vos morts. Brûlez-les".

Puis plus rien. Sur certaines, juste des grésillements d'un micro dans le vide. Je me souviens, au début, quand je me suis barricadé ici. Mes journées sur le net, et mes nuits à écouter la radio. Je me suis endormis en écoutant un de ces messages d'urgence. Ça me rassurais. Ça me faisait croire que quelqu'un allait soudainement reprendre l'antenne. Quelqu'un à repris l'antenne dans la nuit. Un Autre. Un mort. Je l'ai entendu faire tomber des choses et grogner. J'ai jeté la radio dehors et ai passé deux nuits à écouter les murs. Depuis je n'écoute plus la radio.


Le réseau Internet fonctionne toujours lui aussi. Il n'y a plus, ou presque plus d'entrée. Mais pas de sortie. Les sites restent à l'abandon, comme les maisons. Les quelques autres survivants qui comme moi n'ont plus à se préoccuper de se cacher postes des messages sur leurs blogs, leurs forums, leurs sites. Ils disent qu'ils sont toujours vivants. Ou essayent de s'en convaincre. Comme moi.

Moi, j'essaie de faire comme avant. J'occupe mes journées désœuvrées à écrire et dessiner. J'ai abandonné l'idée de trouver d'autres survivants maintenant. Mes affiches jetées dehors, fraichement sorties de mon imprimante n'ont servie qu'à cacher momentanément le sang sur le sol au bas de ma tour. Je poste donc des choses inutiles. Je reçois parfois un commentaire d'un vivant, qui essai lui aussi de faire semblant. De faire comme avant. De faire comme moi.

Avant, j'avais un espace. Et il y est toujours. Quand je le lis, je me souviens. Pendant un moment, je me suis demandé comment j'avais pu perdre autant de temps à écrire dessus. Quand je le lis maintenant, je me rends compte que j'écris dans la même optique que maintenant. J'essayais de trouver quelque chose à Faire, qui me donne un Sens. J'essaie toujours aujourd'hui

Je poste d'anciens dessins. Je poste de nouveaux dessins. Légers, inutiles.  Et je dessine mon journal intime ici. Et j'attends. Comme avant.

Ici, tout est pareil. Je suis dans le même état d'esprit, mes anciens écrits le prouve. Dehors, aujourd'hui, tout est pourtant différent.

Étais-je donc si différent des autres avant ? Suis-je si différent des Autres maintenant ?

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Commentaires
N
Étrange, on dirait que j'évolue dans le même rythme... et le même sens.<br /> <br /> Je me sens vraiment mal et perdue en ce moment. Mes affiches et commentaires ne transmettent plus l'espoir.<br /> Ça fait quelques temps maintenant que j'ai abandonné cette notion d'espoir car je finis toujours par me casser à nouveau la gueule à cause d'elle. Autant rester au même niveau et se laisser couler pour de bon.<br /> <br /> Hélas, mon cœur ne tient pas compte de cette résolution et continue de produire clandestinement de l'espoir dans un coin alors que je l'avais défendu.<br /> <br /> Je mourrai douloureusement conne, c'est sûr...
C
et j'aime toujours autant te lire :)<br /> ça faisait longtemps que je ne t'avais plus lu dans un billet.<br /> je t'aime.
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