Vingt-et-un. Wintertime.
Le temps se réchauffe. Il y a encore de la neige dehors. Chaude.
Comment on appelle cette pathologie nerveuse qui inverse les sensations corporelles, déjà ? Je ne sais plus...
Je la vois, je sais que c'est de la neige, que c'est sensé être froid, même si ma peau pense le contraire. Ces gouttes d'eau que je vois couler, c'est de la neige fondue, et ma peau me donne à croire que c'est un filet de sueur...
Je la regarde tomber. La sueur. La neige. fasciné. Fascinante. Elle recouvre tout. Elle cache tout. Pour un peu, si les morts restent suffisamment longtemps sans bouger, je le les vois plus. Plus de voiture, plus de bruit. Plus de fumée, plus de pollution. Plus de neige, plus d'hiver. Encore plus. Plus de rien.
Elle m'éblouit, cette neige qui tombe, qui reste. Chaque flocon, comme un rayon de soleil, plonge mon regard dans l'obscurité immaculé. Je le vois longtemps après sa disparition, ce flocon. Il accompagne mes yeux qui s'élèvent vers les nuages. Dans une chute ascensionnelle.
Je n'arrive plus à faire autre chose. Je regarde la neige tomber. Je perds mon temps à peindre des autoportraits qui ne me ressemblent pas. Je n'ai jamais vu quelqu'un me ressembler aussi peu que moi-même. Je me prends en objet privilégie, croyant être le sujet que je connais le mieux, que je maîtrise le mieux. Je me trompe manifestement. Les flocons se ressemblent, et s'assemblent, mieux que moi.